Annonces
Tendance

Assurances : le pari de la souveraineté nationale

Libreville a lancé un défi à son secteur financier. Les assureurs seront bientôt à exploiter entièrement les capacités locales avant de céder des risques à l’étranger. Cette décision, prise pour renforcer la souveraineté économique du pays, trace une ligne fine entre opportunités de croissance nationale et risques systémiques.

Des opportunités pour une finance locale

L’objectif premier de cette mesure est de stopper la fuite des capitaux. Une part importante des primes d’assurance quittait chaque année le territoire pour rémunérer des réassureurs étrangers.

Le gouvernement souhaite que cet argent finance désormais l’économie gabonaise. Cette politique place la Société Commerciale Gabonaise de Réassurance (SCG-RE), unique réassureur du pays, au centre du jeu.

Filiale du Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS), la SCG-RE a affiché un chiffre d’affaires de 22,18 milliards de francs CFA en 2024 et un bénéfice stable de 1,5 milliard. Le décret devrait mécaniquement augmenter son volume d’affaires.

La mesure devrait stimuler une saine concurrence et encourager la création de produits mieux adaptés aux réalités gabonaises. À terme, le Gabon espère voir émerger un pôle de compétences et une expertise locale plus solides.

Les risques d’un protectionnisme accru

Malgré ces perspectives positives, la mesure comporte des risques non négligeables. La principale préoccupation concerne la capacité réelle du marché national à absorber les sinistres de grande ampleur.

Des secteurs stratégiques comme le pétrole, le gaz ou les mines génèrent des risques qui se chiffrent en centaines de millions de dollars.

La SCG-RE et la dizaine de compagnies d’assurance locales auront-elles les reins assez solides pour couvrir un sinistre majeur sur une plateforme pétrolière, par exemple ?

Aussi, concentration excessive des risques sur un petit nombre d’acteurs nationaux pourrait fragiliser l’ensemble du système financier en cas de catastrophe.

Un autre risque concerne une possible hausse des coûts pour les assurés. Si la capacité locale est insuffisante pour répondre à la demande, les tarifs pourraient augmenter, faute d’une concurrence suffisante.

La réaction des réassureurs internationaux sera également à surveiller. Indispensables pour la couverture des pics de risques, ils pourraient se montrer plus frileux à collaborer avec un marché qui leur impose de telles restrictions.

Le gouvernement, devra mettre en place un cadre de supervision strict pour garantir que ce pari sur la souveraineté ne se transforme pas en un jeu dangereux pour l’économie du Gabon.

Articles connexes

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page